jeudi 12 janvier 2012

Lettre ecrite par kate mise en ligne par sebastien

   La periode de Noel fut pleine de riches experiences pour nous. Nous avons pris conge de l'ecole pendant trois semaines dans l'espoir de rencontrer des peuples tribaux dans les montagnes Niamgiri. Nous nous sommes retrouves encore une fois au bord d'un gros village/petite ville dans un batiment en beton tout neuf - qui est le bureau d'une ONG travaillant pour le 'developpement' de la population (groupes d'entraides connectes a la micro-finance; education/hygiene) Providentiellement, notre premier jour en ville nous avons rencontre un jeune homme d'un tout petit village, Thomas - Kuna Hial, chretien fervent qui a bien appris l'anglais et qui a accepte d'etre notre traducteur et guide pendant notre sejour - aussi il avait tres envie que nous visitions son village et d'autres villages ou il y a des chretiens. Les premiers jours dans cette region sebastien est tombe malade et notre visite aux peuples tribaux a ete retardee. Enfin nous nous sommes mis en route avec Thomas et avons marche environ 2 h a travers la jungle et, en grimpant la montagne, nous avons rencontre un couple qui revenait au village apres etre alle au marche qui nous ont aide a trouve le chemin.
   Les gens du village craignaient que nous soyons connectes a Vedanta Aluminium, la boite multinationnale qui menace leur vie en tant qu'habitants de la foret. Ils nous ont propose de rester une nuit et qu'ils se reuniraient le matin pour regarder notre demande.
   Alors que nous preparions un feu de camp pour passer la nuit (a quelques 100 m du village) des guerilleros sont arrives disant que nous devions partir, qu'ils defendaient le peuple et la montagne de la menace Vedanta et qu'ils n'etaient pas rassure pensant que nous pourions venir de la dite multinationnale (notre credibilite ne fut pas aidee comte tenu que l'ONG qui nous hebergeait distribue dans les villages locaux les farines nutritionnelles de Vedanta).
   Au final, et apres l'intervention d'une ou deux des femmes du village, il nous fut accorde de rester jusqu'au matin, dans le village meme. Ensemble nous avons grimpe les 100 m : gens du village en avant et guerilleros derriere. Je me sentait heureuse de ne pas avoir simplement concede aux menaces de violence, et en meme temps chagrinee d'avoir encore amene une perturbation dans la vie de ce village. Heureuse d'etre avec eux dans leur village, de sentir un peu leur qualite de vie, et regrettant que la presence des guerilleros empeche grandement la communication directe avec les villageois. Pour Thomas, qui craignait pour nos vies a tous les trois, l'experience fut tres eprouvante (il a a peine vingt ans), aussi ce fut une opportunite profonde pour partager entre nous 3 le sens de vivre a partir de la foi.
   Quelle joie pour Thomas quand nous sommes revenus a la plaine et avons ete chaleureusement recus dans un petit village au pied de la montagne (ou environ la moitie sont chretiens) - debut d'une periode inattendue de deux semaines de visites, prieres, partages, chants, demandes de guerison, dans de nombreux villages de la plaine alentour (ici c'est les plus pauvres qui tendent vers le christianisme).  Pendant ce temps nous etions installe chez les parents de Thomas dans leur petite maison a deux pieces et leur village a huit familles. En 2008 lors d'agressions contre chretiens, la moitie (chretienne) de ce village fut detruite - ensemble ils ont reconstruit. Dans de telles circonstances le defi de l'Evangile de vivre non pas dans la crainte des hommes mais d'etre pret a tout donner pour l'Amour m'apparait de facon plus vivante que jamais.
                                    De tout coeur
                                                     kate

Au nom du developpement

Muniguda est une petite bourgade situee en pays majoritairement tribal, une region ou de magestueuses montagnes s’elevent avec la pleine a leur pied. Ici, au ‘sommet des montagnes’, vivent les Dongaryas, consideres comme tribu primitive, avec leur propre langage, culture, mode de vie... Nous sommes venus ici avec l’intention de rencontrer les populations tribales car nous croyons qu’ils ont beaucoup a nous apprendre dans notre recherche d’une vie plus simple, plus en harmonie les uns avec les autres et avec l’ensemble du vivant.
Aussi , aujourd’hui, nous sommes alle visiter un premier village dans la pleine au pied de la montagne, pas tres loin de la ville.  Nous sommes accompagnes par Thomas, un jeune chretien que nous avons rencontre ‘par hazard’ et qui parle anglais, Kamulu, son acolyte qui conduit la moto, et Prahalan, un employe de la NGO Sardha qui nous accueille dans ses locaux. C’est village ou Prahalan travaille, il nous presente brievement quelques habitants tandis que nous deambulons dans le village. Je suis surpris de voir tous les toits en tole ondulee plutot qu’en chaume. J’apprends quelles sont fournies par le gouvernement. Le gouvernement fournit aussi gratuitement les televiseurs, l’acces au reseau electrique, la route, l’ecole...
Nous sortons du village en pregnant un chemin qui se faufile entre arbres et buissons tout en jouant a cache cache avec une petite riviere: la nature est tres presente, le calme et la beaute du paysage sont pour moi une bouffee d’air car en general, je souffre du bruit, notament les klaxons intempestifs, et de la pollution, la plus visible etant celle des plastiques, je souffre de ne plus arriver a entendre le chant de la Vie.
Arrives dans une mangueraie, une conversation s’engage avec Prahalan au sujet de son travail ici. Il nous parle de la necessite de developpement et d’education.  Peu a peu nous comprenons que l’intention, celle de Prahalan qui est lui meme d’origine tribal, celle de l’association Sardha pour qui il travaille, celle du gouvernement qui assiste et subventionne, est d’assimiler les populations tribales dans la civilisation du developpement industriel et ca nous fait mal. Finalement nous allons visiter l’ecole toute recente. L’instituteur nous accueille avec joie et nous sentons son enthousiasme. Il nous fait visiter les locaux, nous rencontrons les eleves, pour la plupart il vienne de village plus recules et sont ici en pension. Me reviens l’histoire de mon pere et de sa souffrance d’etre place en pension loin de la famille des l’age de huit ans et mon coeur se serre de voir tous ces enfants regroupes entre ces murs, leur vie comme en suspend, en transit vers un monde sans ame.

Sardha, la NGO qui nous accueille oeuvre aupres des populations ‘defavorises’, autrement dit en marge du systeme. Ses travailleurs sociaux  ont pour mission de sensibiliser la population au normes d’hygiene et a l’utilisation de la medicine allopathique avec notament la distribution de sirop, de promouvoir la constitution de groupes d’entraide autour d’une activite economique locale, de verifier que l’aide gouvernementale arrive bien aux interresses et ne reste pas aux mains des intermediaires qui s’y interesse , bref de favoriser l’insertion.  Encore une facon de leur venir en aide est de leur distribuer de la nourriture. Il s’agit d’une sorte de farine mixte constituee d’un mélange de cereale, legumineuse et noix broyees. En regardant sur le paquet, nous lisons la marquee VEDANTA FOUNDATION. Ici le nom “Vedanta” est connu comme le nom de la multinationnale qui a commence il y a quelques annees a exploiter le sous-sol de la montagne Nyomgiri pour en extraire la bauxite qui, une fois raffinee fourni un aluminium de haute qualite utilisable pour la fabrication d’avions et de missiles. Cette enterprise, dont l’activite est actuellement en suspend, a déjà cause d’enormes degats et menace la vie des Dongaryas qui vivent en symbiose avec la montagne, cette montagne  qu’il reconnaissent sacree (oui, il ont encore cette connaissance vecue que toute la nature est sacree, connaissance que nous avons oubliee pour le profit). Nous nous interrogeons sur un lien eventuel entre la farine distribuee, Vedanta Foundation, Vedanta Aluminium, l’exploitation de la montagne? Nous interrogeons Sukant, le secretaire de Sardha: il nous dit que s’est une oeuvre charitative qui n’a rien a voir avec Vedanta aluminium. En cherchant sur internet, nous decouvrons vite le Poteau rose: le president de Vedanta Foundation est aussi un administrateur de Vedanta Aluminium et Vedanta foundation est presentee comme etant “le bras philanthropique de Vedanta Aluminium”! “le bras Philanthropique”, cela en dit long sur l’intention cache de cette oeuvre qui promeu le developpement. Et si la population accepte, bon gre mal gre, le developpement alors tous le monde aura sa part du gateau, les plus gros la plus grosse et les plus petit les plus petit bouts (sauf ceux qui reussissent qui pourons avoir un plus gros bout).

Rajagopal, dans la derniere News Letter d’Ekta Parishad, souligne combien le mot “developpement” est aujourd’hui en Inde comme un mantra. Effectivement, les personnes que nous avons rencontre dans les different villages que nous avons visite ou bien dans celui ou nous avons sejourne voient le developpement et en particulier “l’education” comme la seule porte de sortie de cette situation dans laquelle ils sont: broyes.


Un messie du nom de developpement

Tous les yeux (ou presque) sont tournes vers lui. Tous (ou presque) attendant de lui leur nourriture. Il est l’espoir de tout un peuple. Du plus riche aux plus pauvres, tous (ou presque) sont happes dans ce gigantesque raz de maree qui promet prosperite et bonheur a ceux qui reussissent, ceux qui gagnent, et le mirage d'une porte de sortie a ceux qui sont perdants, qui portent le poids des autres. Aujourd'hui cette corne d'abondance du developpement retenti de par le monde et sa chanson a seduit les peuples de la Terre. Certes cette chanson n'est pas nouvelle, nous la chantons depuis la nuit des temps, depuis que nous avons commence a prendre, et aprendre a prendre, et vraissemblablement nous la chanterons jusqu'a la fin des temps. Et meme si aujourd'hui cette fin se fait sentir, nous n'avons pas d'autre recours que de chanter plus fort, en esperant chanter ainsi le plus longtemps possible, en esperant un developpement durable. Qui saurait renoncer au benefice de l'iniquite tapis dans l'ombre de notre inconscience volontaire? Qui saurait risquer sa vie pour sortir de ce jeu de pouvoir ou celui qui domine a l'avantage d'etre moins domine?
Nous pillons la Terre, nous massacrons le vivant, nous nous consumons dans ce feu d'artifice. le developpement finira laissant la Terre exangue, alors peut-etre entendrons-nous de sous les cendres le chant de la Vie.

mardi 10 janvier 2012

janvier 2012 message de kate

Chers amis
 
Debut decembre j'ai communique longuement sur le blog en anglais... a present je desire vous faire part de mon intention de reduire mon utilisation de l'informatique au minimum necessaire pour tenir mes engagements avec Ekta Parishad, FWCC et CNVC:
 
Depuis quelque temps je m'inquiete d'une dependence croissante sur l'informatique.  Ma conscience du cout important de cette technologie (en termes de relations humaines, d'environment naturel et de vie de l'ame) ne cesse de grandir a travers mes experiences ici.
 
En utilisant les cafes internet je suis confrontee a mon implication dans un marche qui promeut et se nourrit des instincts de violence, d'avidite, et de desir de puissance/domination (dans ces cafes l'utilisation majeur est pour des jeux-videos). 
Voyant que le modele courrant du 'developpement/progres' nous encourage a relativiser, voire ignorer, le cout pour la Terre (forages/mines et consommation d'energie/pollution) et pour ses populations (exploitees dans les forages/mines et dans la production/le recyclage du materiel) je sens qu'il serait guere mieux d'obtenir notre propre ordinateur...
 
A present ici, comme en Turquie, gouvernement et industrie font tout pour promouvoir l'utilisation des telephones portables et de la television.  L'utilisation des ordinateurs est encore tres marginale - ainsi je sens qu'en succombant a notre dependance sur ce moyen dans le monde 'deja sur-developpe' je me situe bel et bien dans la faille Nord/Sud et que je nourris la fausse notion que les artifices de l'homme peuvent nous donne securite et liberte.
 
Dans nos activites ici je constate presque tout les jours combien peu efficace sont les paroles non reliees a des experiences bien enracinees.
 
J'espere que la vie me donnera l'occasion de partager de vive voix a notre retour.  A partir du mois de mai je serai heureuse de recevoir vos courriers, ou encore mieux vos visites au
Petit Moulin en Gueveneux
56 220 Saint Jacut-les-Pins 
 
en toute amitie
kate