Aujourd'hui est un jour de pause. Je me restaure, je me repose. J'ai marché longuement pour parcourir en deux jours les 75 km de petites routes entre la communauté de l'Arche de la Fleyssière et la maison de tante Jeanne. J'ai marché tranquille, me réjouissant des paysages, me régalant de fraises des bois, et pourtant... sans bien m'en rendre compte j'avais hâte de rejoindre le prochain lieu où je sais que mon corps sera confortable: manger à volonté, dormir dans un lit douillet. Alors j'allonge, non pas les pas mes les heures, dix heures, douze heures de marche... et j'arrive à bon port bien fatigué. Je dois alors me reposer, rester un jour pour me refaire. Je me dis :"c'est l'occasion d'être avec jeanne, avec jean-Roméo et Roger, c'est l'occasion de partager". C'est vrai, et j'en suis heureux. Mais il y a autre chose. Je vois bien que je ne suis pas libre de ma dépendance sur tout ce réconfort qui me rassure. Je me sent un peu comme les Hébreux aux désert qui rêvent de pot au feu alors que la manne et les cailles leur sont données en suffisance. Certes je me sens vivant, je respire, je contemple. Il y a ces moments sublimes où le merveilleux se fait jour en moi, ces chemins moussus tapissés de mille verts, ces ruisseaux cristallins qui chantent et dansent et trouvent leur chemin au creux de la forêt, ces panoramas grandioses de rudes collines fumantes de nuages: la Nature... si belle!
Pourtant j'ai encore peur. Pas sûr d'être comblé. Alors je traverse la Nature et la Vie plutôt que la rencontre. Certes elle me porte, me nourri, elle m'enchante, et pourtant, je me détourne de tout détour, filant au plus vite pour rejoindre le lieu de mon repos, car ce n'est pas en elle que je repose. Serait-ce à l'image de notre vie sur la Terre lorsque souvent nous nous affairons inquiets, cherchant à fuir la finitude de notre condition, et en fait courrons vers la mort au lieu de goûter chaque seconde de vie.
Demain j'espère reprendre le chemin (et c'est bien différent que de reprendre la route). Demain est un jour nouveau et il a commencé ce soir alors que j'écris ces mots. Car je porte en moi, je le sens maintenant, cet ardent désir de Te retrouver,
O Nature divine, Nature bien aimée, d'abandonner mes peurs et de me retrouver infiniment vivant, comblé, en Toi.
Alors je fais cette prière
De tout souci, de toute affaire
Que mon coeur s'ouvre et se libère
Et marchant doucement sur la Terre
Que Ta beauté me désaltère
Qu'une fleur, même une pierre
Me soit un festin de lumière
M'abandonnant - confiance entière
Tapis de mousse, lit de fougère
Sur Toi repose, en Toi espère
Sur ton sein nu de tendre mère
Pourtant j'ai encore peur. Pas sûr d'être comblé. Alors je traverse la Nature et la Vie plutôt que la rencontre. Certes elle me porte, me nourri, elle m'enchante, et pourtant, je me détourne de tout détour, filant au plus vite pour rejoindre le lieu de mon repos, car ce n'est pas en elle que je repose. Serait-ce à l'image de notre vie sur la Terre lorsque souvent nous nous affairons inquiets, cherchant à fuir la finitude de notre condition, et en fait courrons vers la mort au lieu de goûter chaque seconde de vie.
Demain j'espère reprendre le chemin (et c'est bien différent que de reprendre la route). Demain est un jour nouveau et il a commencé ce soir alors que j'écris ces mots. Car je porte en moi, je le sens maintenant, cet ardent désir de Te retrouver,
O Nature divine, Nature bien aimée, d'abandonner mes peurs et de me retrouver infiniment vivant, comblé, en Toi.
Alors je fais cette prière
De tout souci, de toute affaire
Que mon coeur s'ouvre et se libère
Et marchant doucement sur la Terre
Que Ta beauté me désaltère
Qu'une fleur, même une pierre
Me soit un festin de lumière
M'abandonnant - confiance entière
Tapis de mousse, lit de fougère
Sur Toi repose, en Toi espère
Sur ton sein nu de tendre mère