vendredi 21 octobre 2011

de Turquie

kate: 
Apres 18 h dans le car nous arrivons tres to le samedi matin a Trabzon sur la Mer Noir - pour decouvrir que les horaires sont comme a la maison et nous devons attendre lundi pour l'ouverture du consulat iranien...   je fais un mauvais geste en me penchant sur le banc dans le jardin sous le consulat et abime un cote.

Au dessus de la ville une jeune femme toute en noir m'offre des tournesols grilles, puis un the... et me donne le nom musulman de 'Maryam' (un plus beau nom pour une fidele? ou peut-etre mieux assorti a Ibrahim?(Sebastien).  Apres une premiere nuit sous les pins pres du camp militaire au dessus de la ville, un berger passe avec son peit troupeau et nous dit gentillement aue nous n'avons pas le droit d'etre la.  Nous revenons a l'aire de pique-nique et progressons avec la couture de nos capes de laine feutree... activite qui suscite pas mal de curiosite - et avec des gestes nous arrivons a communique un peu.  J'aime cette curiosite simple et avenante de gens qui aiment la vie et leur pays - et sans peur expriment une envie de decouvrir l'autre.

Le lundi venu nous avons decouvert les inconvenients du passeport britannique, les epreuves internet en turque... aussi le bonheur de rencontre avec compatriotes au consul.  En fin d'apres-midi nous les retrouvons en ville eux avec leurs visas en main, nous un dictionnaire anglais/turque.

A partir de mercredi, il pleut chaque nuit, (un peu le jour aussi)... parfois je souffre de mes incomprehensions avec Sebastien - et en sentant ces premieres petites souffrances aussi dans mon corps  je suis reconnaissante pour les temps de preparation dont nous avons beneficier;  la pratique 'vipassana' est pour moi appreciable pour transcender ces difficultes.

Plus je suis en Turquie, plus j'aime ce peuple chaleureux, honnete, tellement humain.  Je ne me suis jamais senti si bien en ville... comme si ici le rayonnement humain compensait le bruit et cahut des engins et artifices de la ville. Mais j'ai aussi toujours un peu peur pour eux, pour nous; peuvent-ils maintenir leur humanite face au developpement industriel galopant qui devale les montagnes?

La veille de notre depart de Trabzon nous nous sommes ballade vers, nous le croyions, la campagne... mais ce que je croyais etre seulement 4 immeubles un peu isoles s'est avere etre l'entree sur une nouvelle cite. Une 50aine d'immeubles (jusqu'a 14 etages), tres pimpants, peut-etre la 1/2 ou plus deja habites et encore d'autres en voie de construction.  Avec nouveaux magasins en dessous - supermarches, centres de 'fitness' ou de beaute, centre 'playstation' - avec tout cela je me sens quelque peu nauseeuse, horrifiee... aue pourront faire autant de gens tasses les uns sur les autres? Quel sens pourront-ils trouve a leur vie?  Je crois voir devant moi l'utilisation massive du vide, du steril ... terreau ou des personnes peuvent devenir des 'consommateurs'.

Le lendemain je retourne a la nouvelle cite pour consulter internet - comme un poisson pris dans le meme filet - et voila que l'autorisation pour le visa m'est accorde...
  
Sauf que, au consulat nous sommes refoules avec une demande que Sebastien aussi fait sa demande par internet et que tous les deux il nous faux des empreintes certifies par la police - la femme a l'accueil est tres genee et gentille, mais ne peut rien.
Je sens des larmes de decouragement qui montent... apres 10 jours d'attente nous n'avons pas envie de recommencer, surtout vu l'incertitude quant aux resultats...  Nous avons fait des recherches pour passer par les pays du nord - ca nous parait pas sense, surtout avec mon passeport.

Sebastien nous trouve des vols a partir d'Istanbul, et c'est repartit pour les 18 h de bus... juste avant la pluie!  Le car est plein a craque, pas facile a trouver son confort (ma cote en voie de guerison est bien d'accord!).  Il y a aussi parmi les passagers 2 toute petites filles qui font tout le trajet avec beaucoup de gentillesse.

Mercredi 19  Istanbul: j'apprecie l'arrivee a une auberge avec dortoir tres confortable pres de Sultanamet.  Je savoure une bonne douche chaude..mmmm! ... et Sebastien part a la recherche d'une guitalele - et trouve une tres belle.
Le soir nous chantons aupres de la mer avant que je me couche...
et Sebastien profite de la ville, et rencontre Gibril venu d'une autre ville en recherche de travail pour faire vivre sa famille - il recoit 2-3 euros par jour a travailler dans un restaurant (meme pas de quoi acheter des legumes pour une famille), il fait proche de zero la nuit et il dort sur un banc.

Jeudi 20  Tot le matin sortant de la mosque bleue, nous voyons Gibril sur son banc... C'est la premiere fois que je vois ca en Turquie, et je n'ai vu que 2 fois qq'un a mendier. 
Nous prenons 2 bols de soupe chaude, et au retour voyons 2 hadiths affiches avec traduction en anglais

 'Si tu ne crois pas en DIEU tu ne peux pas aller au paradis. Tant que vous vous n'aimerez pas les uns les autres, vous ne pourrez pas croire'

'Le meilleur des humains est celui qui est benefique pour les gens'

Quelques minutes apres nous voyons qq'un qui fait un feu de papier aupres d'un monument.... et c'est Gibril qui tremble de froid et cherche a se rechauffer... toujours portant son doux sourire fraternelle.  Nous trouvons un banc ou les premiers rayons du soleil commencent a tomber en contrepartie du vent froid... et avec l'aide de la petite guitar nous nous rechauffons les coeurs ensemble.

En partant j'ai l'impression que, tout doucement, je suis confrontee a tout ce qui me faisait le plus peur en entreprenant ce voyage - y inclus la peur de me sentir demunie face a la misere d'autrui et l'injustice du monde.
Aujoud'hui je me sens reconnaissante pour un moment d'humanite profond recu ce matin avec un homme qui porte le nom d'un arc-ange.

Vendredi 21 (qqs heures avant notre depart vers Chennai, Inde)  Nous gardons contact avec Ekta Parishad pour la suite...

Nous suivons les evolutions aussi de la Jan Samwad Yatra (pelerinage du peuple par jeep)... et esperons les rejoindre a Pondichery le 29 oct - et construire avec Rajagopal un program pour notre sejour en Inde.

Dans les rues de Trabzon

Je marche vite. Je cherche la route, attentif a l'orientation, absorbe dans l'etude du trottoir par rapport au traffic des voitures et a la circulatioin des pietons: est-ce que ca roule bien pour les petits chariots que nous tirons? Y a-t-il un passage incline pour descendre du trottoir sans porter le charioit et traverser la route? Est-ce que kate suit?
- Ma mission?
- Aller d'un point a un autre a la recherche d'une epicerie, d'un banc ou s'assoir, d'un cafe internet, une mosquee, la mer, des toilettes, un endroit ou dormir...
Je marche vite, je suius tendu. Je cherche ma route dans une ville aue je vis comme une jungle, avec cette vision d'une jungle dangereuse, inhospitaliere. Et en meme temps, je regarde les hommes les femmes, les enfants, les visages, les habits, les boutiques: du pain, des bassines, un "kuafor", une epicerie, des legumes, du pain, des meubles, un homme quui pousse un charrioit, deux jeunes cote a cote aui se tiennent affectueusement par les epaules, une femme avec un foulard, une femme sans foulard, des enfants qui me regardent apparemment intrigues d'une si longue barbe sur un petit homme aux habits quelque peu inhabituels:
- Mamalakat? (quel pays?) Iran?
- Fransa!
- Fransa?
Les journees se succedent a Trabzon ou nous guettons un Email qui va donner a kate un numero d'autorisatioin du ministere des affaires etrangeres iranien pour demander le visa au consulat iranien a Trabzon. Trabzon est connu pour etre un "bon plan" pour obtenir facilement le visa iranien. Apparament un bon plan pour les francais que nous avons rencontre au consulat lors de notre premier essais et qui l'ont eu dans la journee mais kate a un passeport britanique, alors c'est plus complique...
Les nuits se succedent a Trabzon. Sur les hauteurs de la ville. La lune est magnifique, avec trtois aureoles luminescentes, merveilleusement extraordinaire! L'air est doux. La vue sur la ville aui s'etale entre mer et collines, qui grimpe sur les pentes escarpees en alignant des dizaines et des dizaines d'immeubles neufs avec encore d'autre qui se construisent. En bas, des rues et des ruelles qui se croisent, s'enchevetrent, disparaissent derriere des immeubles agglutines, debouchent sur une mosquee dodue bien assise, un parc, des routes qui serpentent, parfois se chevauchent, puis la mer... vaste etendu paisible et forte reliant l'ici et un ailleurs lointain, invisible. La mer comme un berceau oublie qui balance encore ces vagues de tendresse. C'est vrai qu'elle est parfois sombre cette Mer noire!
Sur cette colline de Boztepe surplombant la ville: des jardins ou sortir le soir et se retrouver, entre amis, en amoureux ou en famille, autour d'un the Samovar, un camp militaire, une petite mosquee accolee au tombeau d'un saint et entourree d'un cimetiere, un petits bois, des cultures de noisetiers... Nous avons tout essaye. Dormir ici ou dormir la. Plutot eprouvant pour moi: Des hommes qui festoient dans la nuit, des coups de fusil, des chiens qui aboient et un qui grogne en passant. Et s'ils nous attaquent? Et si on nous trouve? Est-ce qu'on va avoir des ennuis avec la police? Avec des soulards?
Je suis anxieux. La nuit je dors leger (quand meme assez pour me reposer) le jour je marche vite.
Kate me dit: "tu es stresse?"
- Oui, c'est vrai, c'est ca.

                                                                                                              Trabzon, mardi 11 octobre
Mon coeur, ou es-tu?
Je te cherche eperdu
J'ai envie de me debattre. Que ma colere sorte! Que ma douleur cesse...
Voila la pente facile: le rejet.
Je voudrais changer, accueillir, me laisser sentir, et dans l'acceptation de mon impuissance...

Mais si c'est pour ne plus sentir la douleur, si c'est encore pour me proteger
Autant rester dans la gangue de l'inconscience
Dechire entre avidite et aversion

Donne moi d'accueillir ce qui me fait mal
Donne moi de me rendre a Toi
Donne moi de Te sacrifier tout
Ce que je crois pouvoir
Et me retrouver, comme tu veux,
En Toi.

Enfin vient le lacher prise. La detente, je commence a accepter. Je souffle.

Ca y est! L'autorisation pour le visa de kate est arrive, apres dix jours.
Retour au consulat: Ah! cette fois c'est moi qui doit demander une autorisation par Email, et puis nous devons aussi pour ca aller faire des empruntes digitale a la police... -consternation-
Nous laissons ce chemin par l'Iran avec regret. Je suis triste de ne pas aller rencontrer ce peuple si accueillant tout au contraire des formalites administratives. Je revais de decouvrir Ispahan. Nous avions pris contact avec des habitant qui nous accueillait de tout coeur... Mais non. Pas cette fois.
Nous avons pris un billet d'avion Istanbul-Chennai (Madras). Revenu a Istanbul, ce soir depart pour l'aeroport, demain escale aux emirats, apres demain... inchallah (a la grace de Dieu)... l'Inde.

lundi 10 octobre 2011

Dans les Balkans

   Un mot depuis Trabzon (Turquie) ou nous attendons pour les visas iraniens.
kate:
   Preparation de voyage - en covoiturant vers Paris avec Gustave, nous avons parle de confrontation de valeurs...
   Depuis je vois sous cet angle pas mal de choses qui jusque la me faisait un pincement dans le coeur ou un trouble dans l'esprit (ou les deux)
   Je veux aimer la Terre - pourtant je voyage vite sur des routes qui laissent des grandes cicatrices sur son ventre
   jeveux aimer le ciel - pourtant j'utilise internet pour communiquer vite... coute que coute. Et le plus souvent j'oublie le temps de priere convenu avec nos amis.

   En sortant d'une ville dans le car (Beograd ou Sarajevo ?) au milieu du developpement urbain, une femme paysanne avec sa vache.
   A Sarajevo, notre amie İnes - si consciente, son coeur si sensible - elle qui aime les forets se trouve dans une ville en pleine croissance, dans un logement tout neuf, avec tout confort et quelque peu sterile - et au fond du jardin de la maison un joli ruisseau ou il est dangereux d'y aller (comme ailleurs dans la nature autour) parcequ'il y a des mines...

   De Sarajevo a Sophia un voyage ou je sens la pesanteur de l'inconscience a travers les films de pure violence qui passent dans le bus

   A İstanbul la gentillesse, l2humanite des gens - qui cherchent leur interet parfois ? - mais pas que ca. Et dans la croissance qui arrive a toute allure - quelle conscience de notre mere, source de tout le support materiel?

   A plusieurs reprises j'accepte un the... et je vois que j'ai contribue a la production de dechets qui empoisonnent ma mere. Nous achetons des fruits, du pain - mais quel cout pour elle  ?... Et pour moi dans ma capacite de rester/devenir saine ?

sebastien:

   A Belgrade
   İl nous reste un peu d'argent serbe avant de partir pour la Bosnie. Nous decidons de le donner:
- moitie a la femme qui fait secher un pantalon sur le dossier du banc ou elle est assise avec quelques sacs que nous pensons etre ce qu'elle possede
- moitie a l'homme barbu, chevelu, avec comme une force qui emane de lui, aussi avec quelques sacs a ses cotes, qui a place devant lui deux paires de chaussure d'occasion a vendre.
   Kate donne a la femme qui accepte avec un grand sourrire et une effusion de ce qui semblent etre des benediction.
   Je m'avance vers l'homme en lui tendant timidement ma main a demi ouverte avec les deux trois billets roules: d'un geste il refuse, et je n'insiste pas. J'ai vu son regard profond et droit. J'ai vu devant moi un homme debout comme j'en ai rarement vu.