jeudi 8 décembre 2011

Scolarisation

   Lors de notre sejour a Auroville j'ai trouve un livre qui parlait de "desapprendre". J'ai lu un peu de ce livre, en travers, sans vraiment m'y interesser. Aujourd'hui je suis dans une ecole, une ecole toute neuve. Je suis immerge dans la scolarisation, l'enseignement.
Oh je suis un peu comme obelix, tombe tout petit dans le chaudron, avec mes deux parents a l'Education Nationale, mon pere prof d'education physique et ma mere au secretariat du college de la petite ville de la banlieu parisienne ou nous habitions. J'ai baigne dans cette ambiance ou l'ecole est le chemin tout trace de la realisation personnelle et de la reussite sociale. Je n'etais pas un eleve particulierement brillant, ni meme un "bon eleve", bonnant malant je me suis conforme, je me suis coule, fondu dans le cours de la normalite. Pourtant un jour j'ai dit a mes parents "je veux etre berger". J'ai toujours eu le gout d'etre dehors, dans la nature et a l'idee de travailler plus tard tout ce qui me venait s'etait la possibilite d'etre dehors. J'ai recu ce conseil paternel: "passe d'abord ton bac et tu pourras toujours choisir ensuite". J'ai continue... avec l'idee d'etre ingenieur des Eaux et Forets. Voila un metier formidable: avec "ingenieur" j'ai la reussite sociale et la 'valorisation' de mes capacites, (la preuve que je ne suis pas un imbecile (selon ces criteres) donc digne de reconnaissance; avec "Eaux et Forets" j'ai la nature. Je ne savais pas alors que les ingenieurs, meme des Eaux et forets, travaillent essentiellement dans un bureau. Ceci dit je me suis vite rendu compte que pour reussir le concours, jallais devoir aller de la classe a mon bureau en passant par le metro, sacrifier deux, meme plutot trois ans de ma vie en classe prepa, a ne faire qu'etudier, ingurgiter une quantite phenomenale de savoir. J'etais loin d'etre assez travailleur et motive, d'autant plus que je decouvrais alors les sports de pleine nature, le canoe-kayak, l'escalade, le velo tout terrain... Je me suis dit:"si aujourd'hui je sacrifie ma vie, ce que j'aime, dans le but de "reussir", qui me dit que demain je ne vais pas continuer. Certes on peut penser: "mais deux annees ce n'est rien, c'est toute ta vie ensuite que tu pourra en beneficier!" Si je peux passer trois ans dans la boite, je suis bon pour la suite, j'aurais peut-etre pas le concours des Eaux et Forets, mais probablement acces a une autre ecole plus abordable, puis avec le diplome en poche probablement je trouverais un emploi, plutot bien paye, dans une boite d'agro-alimentaire ou de biotechnologie pour fabriquer un nouveau produit de desherbage ultra performant. J'aurais alors reussi a faire mon trou, plutot bien loti, avec acces a tout un tas de petites recompenses: maison individuelle (eventuellement avec piscine) dans un environnement pas trop degrade, 4x4, mariage au chateau avec traiteurs, toutes sortes de gadget de la technologie moderne, de habits de marque, une nourriture saine, la possibilite d'aller au restaurant, au theatre, de faire de beaux voyages... et de donner a mes enfants tous les moyens de reussir...
J'ai arrete... a la grande deception de mes parents.
J'ai vaguement essaye de poursuivre a la fac en sciences de la vie mais je n'ais pas trouve la vie que j'aime. Je me suis tourne vers l'animation sportive mais j'ai vite fait l'experience que je n'avais pas de sens dans ma vie et que je ne savais pas etre heureux. J'avais rompu le contrat social et il ne me restait plus que mon bon sens pour trouver ma voie. mais durant toutes ces annees d'ecole, de college, de lycee, de classe prepa, il n'a jamais ete question du sens de ma vie? Apres toutes ces annees a apprendre tout sur tout le monde, je ne sais pas qui je suis! Je ne parle pas de recevoir une education religieuse ou de quelque autre systeme de valeurs qui me serait impose du dehors qui m'aurait manque, mais de cet espace pour decouvrir la vie en moi, reconnaitre ce que je sens, ressens, ce qui me parle au fond de moi-meme. Je fait alors la douloureuse experience de mon vide interieur, de la vie qui n'a pas grandie, qui n'a pas fleurie, qui n'a pas murie en moi. Et je suis comme un etre mort, malheureux.
C'est en Afrique, a Zanzibar, que j'ai retrouve le fil de mon enfance et le bonheur d'etre vivant . C'est au village, entre mer et brousse, sans electricite, sans voiture, sans eau courante, avec ses chemins de sable et ses huttes de chaume, avec les villageois au coeur simple et les enfants rieurs que j'ai retrouve l'enfant que j'avais perdu. Je me suis reveille a la splendeur de la nature, J'ai eprouve pour la premiere fois cette experience de me sentir vivant, de me sentir etre, present, goutant cette grande vie merveilleuse ou la mer, dansante de couleurs, epoustouflante de beaute, est aussi ma mere et je les remercie toutes deux, jai retrouve mon innocence et un sens de fraternite humaine, s'ai senti au fond de moi le desir, l'evidence d'une vie simple et fraternelle. C'est a l'ecole de la vie que j'ai senti cet appel a vivre ce que je porte dans mon coeur.
Cependant, j'ai senti que j'avais besoin de temps. J'ai pense que j'avais besoin de me preparer pour commencer cette nouvelle vie, mettre de l'argent de cote et chercher un endroit ou m'installer, acheter, un terrain, acheter des animaux, acheter des outils... tout ce que j'aurais besoin pour entreprendre cette nouvelle vie. J'ai aussi senti combien il etait vital pour moi de ne pas oublier. Je me souviens d'ecrire dans mon cahier de notes: "ne perds pas ton soleil !" Quoi de plus terrible que de revenir en France et reprendre la routine, oublier cette flamme de vie au dedans de moi. Aussi j'ai promis... a la Vie, a Dieu, sans d'ailleurs la/le nommer, ni meme la/le concevoir, mais en moi-meme. Je devais retourner en France pour le service nationnal mais j'ai promis, j'ai promis de commencer un jour, et pour de bon, une nouvelle vie, simple fraternelle, selon ce qui me tient profondemment a coeur. Aussi, cette promesse je l'ai recue gravee dans ma chair en me faisant circoncire, sans connaitre l'islam autrement que dans l'experience de la vie quotidienne partagee, j'ai senti qu'elle me donnerait des reperes pour avancer sur mon propre chemin.

Une fois revenu en France, apres m'etre fait reforme au bout de 9 mois de service nationnal en tant qu'objecteur de conscience au Ministere de l'environnement (toujours cette idee tenace d'allier une sorte de prestige et la Nature), j'ai repris les etudes, mais pour le plaisir cette fois. J'avais reussi le concours de facteur, j'ai pense que j'aurais du temps l'apres-midi et je me suis inscrit aux Langues'O pour des etudes de langue et civilisation swahilie. C'est ainsi que j'ai digere, muri ce que j'avais recu en Afrique. Ces etudes ont aussi ete pour moi un temps ou satisfaire ma recherche intellectuelle. J'ai cherche des reponses a mes questionnements: des religions? des textes sacres? Des interpretations? Et qu'en est-il de Jesus que le Coran mentionne comme "le Messie"? Ceci tout en decouvrant la priere, une communaute de foi, le jeune et le partage, le pelerinage a la Mecque, ceci tout en re-orientant ma vie: retrouver le lien avec mes parents, apprendre a reconnaitre, choisir, preserver la vie dans les petits riens du quotidien.
J'ai bien failli reprendre les orinieres passees en revant de devenir chercheur, universitaire, encore "reussir", "etre reconnu", mais ma promesse, mon desir de m'engager en prenant directement part a la vie m'ont preserve de devenir un "notable observateur du vivant". Ma soif d'absolu m'a aussi conduit a m'interresser au soufisme et au temoignage de Jesus. Et au bout des pages, au bout des livres, j'ai senti qu'il etait tant pour moi de laisser la recherche intellectuelle, de laisser la vie etudiante et la ville, de meme laisser mon attachement a mon projet, et de redistribuer l'argent mis de cote, pour enfin plonger dans cette nouvelle vie avec pour seule assurance celle de faire pleinement confiance a la Vie.
Cette vie toute fraiche a commencee dans la nature sauvage des gorges du Tarn, sur les chemins escarpees et les beaumes etoilees. Peu a peu, sans le savoir, sortir de mes habitudes, de mes dependances insoupconnees de la vie moderne, et retrouver la splendeur de la nature, depasser la peur de la nuit, depasser la peur du sauvage, passer de la maison a la grotte, du robinet a la source, regarder les flammes du feu danser dans la nuit vaste et douce...
J'ai vecu alors Noel pour la premiere fois, pas de cadeau, pas de repas, un Noel ou, musulman disciple de Jesus le juif, je fait voeux de me vouer au divin avec pour congregation l'Univers.
Et la Vie, sans que je le sache, sans que je le cherche, m'a conduiut a l'Arche, cette ecole de la vie par la vie ou j'ai decouvert le jardinage, le bucheronage, la ferme, la fromagerie, la menuiserie... et la vie en communaute, la rencontre, le partage, la danse, la fete et le travail sur soi, une forme de vie simple ensemble et l'engagement par la non-violence, force de vie de verite et d'amour.

L'ecole qui nous accueille est une ecole de campagne. Elle est a la sortie de la petite bourgade de Banpur (Odisha) entouree de champs de riz, avec une multitude de petits villages discemines aux alentours. C'est une ecole differentes des autres du voisinage car elle a pour ambition d'inculquer aux enfants une education gandhienne. Ainsi, les quelques 75 enfants de 3 a 6 ans (4 classes) n'apprennent pas seulement a lire et a ecrire, compter, mais aussi decouvrent le yoga, la priere, la musique, la danse, le dessin, la couture... Il y a aussi ici une volonte de garder le lien avec les traditions et la culture locale aussi l'ecole fait appel a des villageois afin de transmettre leur savoir en formant les enseignantes (par exemple la culture des champignons dans les champs de riz). L'idee c'est qu'a l'avenir, cette ecole qui n'a que deux ans d'age, soit en mesure de dispenser aux eleves un enseignement pratique (culture de vermicompost, couture, horlogerie, reparation de cycles, menuiserie, etc...) qui permette aux jeunes, apres 10 annees de scolarite, de generer leur propre activite, leur propre emploi, et puissent rester au village. La volonte est aussi de developper un lien d'amour entre tous. L'equipe enseignante cherche a connaitre les enfants et les familles, a comprendre et a accompagner les familles qui, parait-il, sont souvent en proie a de grosse difficultes (absence du pere parti a l'etranger, alcoolisme, violence, misere...). Aussi nous pouvons sentir l'engagement et la motivation du noyau de l'equipe.
Alors nous habitons dans cette ecole. Nous disposons d'une piece avec au bout d'un des deux batiments qui se font face avec au milieu une cour (qui n'est pas vraiment une cour de recreation car il n'y a pas de recreation ici) le tout bien carre et bien cimente. A 7h du matin les enfants arrivent en uniforme style britanique avec cravate, apparament plutot content. Ils se mettent en file indienne, suivant quatre rangs correspondants aux quatre niveaux. La distance que les eleves doivent maintenir entre eux sur une meme ligne est donnee par la longueur du bras tendu en avant le temps de la mesure. Le silence est de rigueur et les grondements de voix et les gestes parfois ferme des enseignants, voire l'usage de la baguette, sont la pour contenir toute velleite de sortir du rang. Apres un petit exercice de "garde a vous" simplifie, il y a la recitation les yeux fermes de quelques prieres, le serment fait a la nation indienne, puis quelques slogans entonnes spontanement par des enfants sont repris par le groupe. Viennent ensuite quelques breves piochees dans le journal du jour et enfin, le tout se termine par une histoire mettant en valeur les qualites morale, laquelle histoire est ponctuee d'un "ca vous a plu!?" qui recoit un "oui!" massif.
Ca c'est le debut de la journee, ensuite les enfants rejoignent leur classe, a la queue-leu-leu et en silence! Et en meme temps la voix des enseignantes, Namita, Oppona, Progyein, Jochna, Rojalin, Samitri, Sunita et du directeur Manooj est emprunte de douceur et de bon coeur. On m'avait bien dit que l'Inde est un pays riche de contrastes!
Nous sommes ici accueillis les bras ouverts avec beaucoup de soins: on mous montre, on nous explique, on nous demande nos impressions, on nous invite a participer, nous avons carte blanche pour proposer de nouvelles experiences, nous sommes d'emblee inclus sans reserve et avec beaucoup d'enthousiasme dans la vie de l'ecole.
Aussi, un jour, suivant notre proposition, nous convenons de nous reunir le lendemain en apportant trois choses a partager: ce que j'aime dans cette ecole, ce qui est pour moi un defi, et ce que j'aimerais approfondir ou developper. Le lendemain nous nous reunissons apres la classe a 11h, tout le monde est la mais Manooj nous dit que les enseignantes (qui parlent peu anglais, sauf une) sont fatigues, qu'elles ont faim, et qu'on a besoin de plus de temps alors la reunion est remise au dimanche matin. Je suis un peu decu et en meme temps je devine que ce genre de question, qui a moi me paraissent simples, ne sont peut-etre pas si evidente. J'ai l'impression, ici peut etre encore moins qu'en France, que ce n'est pas habituel d'exprimer ouvertement ce que l'on pense et a fortiori ce que l'on sent en soi, au risque de contredire, froisser, heurter l'autre, surtout s'il est percu comme en position de superiorite. Le dimanche, nous mettons de cote les pupitres qui formaient une demarcation destinee a honorer le directeur et les "invites" et nous nous asseyons en cercle avec une noix de coco comme baton de parole (le sol est dur. Je n'ai pas encore vu de fakir sur une planche a clou mais ici tout le monde semble a l'aise assis en tailleur a meme le sol, eventuellement avec un pied ou l'autre sur une cuisse) . Au debut la parole n'est pas tres fluide et seulement le "positif" est evoque, apres que kate et moi avons partage, notament sur ce qui nous travaille, le partage s'anime et quelques questions surgissent et en particulier: "Comment faire face aux comportements difficiles des eleves? avec sous ententdu dans le contexte "autrement que par la contrainte". C'est une question qui me semble essentielle qui entend suivre le chemin de Gandhi, pour qui la non-violence, autrement dit l'amour, est la voie de la vie, question tout aussi essentielle dans une ecole chretienne, ou encore republicaine qui chercherait a vivre les valeurs de liberte, egalite et fraternite. Quelques jours apres cette reunion Manooj nous demande: "alors quand est-ce que vous nous donnez la reponse aux questions?" Avec Kate nous croyons que la reponse est la en chacun de nous, qu'elle est a sentir, reconnaitre, epanouir. Alors nous aimerions bien proposer un autre partage autour de cette question, mais en meme temps j'ai l'impression que notre facon de proceder, sans recevoir visiblement d'opposition, n'est pas confortable et peut etre pas desiree par tous. En fait nous ne savons pas vraiment et c'est assez inconfortable pour moi de vivre ce que je trouve flou, de mou, glissant, comme assez peu d'importance etait donne a la veracite de ce qui est dit. C'est peut-etre aussi cette disposition qui permet aux indiens en general de prendre de la distance par rapport aux regles. Peut-etre y a-t-il quelque chose pour moi a decouvrir la dedans? Toutefois cela n'est pas un empechement a ce que je prenne part a la vie de l'ecole, d'abord en observateur puis en proposant quelques temps d'activite avec les enfants. Mon desir est de vivre un temps de jeu avec eux, un temps ou mon enthousiasme et celui des enfants se melent, un temps ou il n'y a ni baguette ni grondement, un temps de joie ou les enfants peuvent laisser venir a la surface leur spontaneite et leurs eclats de rires. Alors nous courrons, nous sautons, d'un bout a l'autre de la classe qui devient terrain de jeu, a pied join, a cloche pied, en immitant des animaux... jaimerais bien aussi 'comme on veut' mais ils sont tellement peu habitue a ca, tellement habitues a reproduire et immiter, les enfants comme les enseignants, que c'est pas encore pour tout de suite. Nous laissons les chaussures noire a lacet et nous allons dehors pieds nuds sur la terre danser, respirer, et la joie est la. Ca me fait du bien de voir des enfants qui bougent, qui rient, qui se rejouissent de sentir la vie en eux, ensemble, et les enseignantes aussi qui se rejouissent. Kate me dit ce matin: "ils ont decide d'abandonner la baguette". Ce midi la reunion preparatoire a la renvontre avec les parents s'est faite en cercle sans pupitre. Mais ils ont reapparu lors de la reunion avec les parents. On nous a demande de nous assoir deriere, nous avons refuser, ils ont insiste, nous avons refuse, ils ont insiste: nous avons accepte un peu a contre coeur, mitiges entre notre sens de rester fidele a ce que nous sentons et ne pas heurter nos hotes. Les parents ont recu un flot de recommandations et il n'y a pas eu d'espace pour les ecouter, pour se sentir ensemble. Est-ce que la demarquation entre adultes et enfants va etre abolie? Estce que nous allons sortir de rapports de domination les uns sur les autres?
A l'occasion de notre sejour ici me vient cette question: qu'est-ce que l'education? S'agit-il d'apprendre a gagner sa vie et survivre tant bien que mal dans un monde en lutte pour ne pas mourrir ou reconnaitre que la vie nous est donnee, la decouvrir en nous et tout autour, s'emerveiller, remercier, vivre, me donner et etre un avec elle?
                                                                                               sebastien



Kate: Je suis en train d'ecrire un long texte sur le blog en anglais. bise a tous.

lundi 7 novembre 2011

terre indienne

Trop longtemps j’ai erré sur les chemins de solitude,
Seul, même de moi-même, inconnu
egare de t’avoir perdue,
Blesse de t'avoir reniee.
Car je suis ton fils !
C’est dans ton sein que tu m’as conçu du fond des âges,
C’est dans tes bras que tu me berces au rythme des nuages.

J’ai trop fui loin de Toi, loin de moi
Car ma nature c’est Toi!
Aujourd’hui j’ai quitté ma pelure civile,
Cette vielle peau que je croyais mienne,
Peau grisâtre de la fumée des usines,
Cette peau tachée du sang de ceux qu’on assassine,
Je l'ais quitte sur les chemins de Boheme.

O magnifique, merveilleuse Nature d'amour,
Toi que je retrouve au coeur et tout autour,
Quand je te vois courir dans le ruisseau,
Quand je te vois frémir aux feuilles de l’arbrisseau,
Quand je te vois t'offrir, délicate, subtile
En pétales rosés de pistils surmontés...
Ta beauté m’inonde,
Ta beauté ravive en moi cette onde
Lumineuse, d’où la vie a jailli.
Fontaine eternelle, source de tous les Paradis,
Miroir du present qui me dit qui je suis.


Je suis Toi.
Toi que j'ai si souvent meurtrie,
Mais tu ne m’as pas abandonné.
Ta tendresse m'a embrasse
M'a garde, m'a conduit
Donne-moi confiance
Que je n’aie pas besoin de te vendre
Besoin de me perdre pour gagner ma vie.
Tu m’as fait confiance en me donnant Ta vie,
Donne-moi encore cette chance de t’aimer aujourd’hui.

vendredi 21 octobre 2011

de Turquie

kate: 
Apres 18 h dans le car nous arrivons tres to le samedi matin a Trabzon sur la Mer Noir - pour decouvrir que les horaires sont comme a la maison et nous devons attendre lundi pour l'ouverture du consulat iranien...   je fais un mauvais geste en me penchant sur le banc dans le jardin sous le consulat et abime un cote.

Au dessus de la ville une jeune femme toute en noir m'offre des tournesols grilles, puis un the... et me donne le nom musulman de 'Maryam' (un plus beau nom pour une fidele? ou peut-etre mieux assorti a Ibrahim?(Sebastien).  Apres une premiere nuit sous les pins pres du camp militaire au dessus de la ville, un berger passe avec son peit troupeau et nous dit gentillement aue nous n'avons pas le droit d'etre la.  Nous revenons a l'aire de pique-nique et progressons avec la couture de nos capes de laine feutree... activite qui suscite pas mal de curiosite - et avec des gestes nous arrivons a communique un peu.  J'aime cette curiosite simple et avenante de gens qui aiment la vie et leur pays - et sans peur expriment une envie de decouvrir l'autre.

Le lundi venu nous avons decouvert les inconvenients du passeport britannique, les epreuves internet en turque... aussi le bonheur de rencontre avec compatriotes au consul.  En fin d'apres-midi nous les retrouvons en ville eux avec leurs visas en main, nous un dictionnaire anglais/turque.

A partir de mercredi, il pleut chaque nuit, (un peu le jour aussi)... parfois je souffre de mes incomprehensions avec Sebastien - et en sentant ces premieres petites souffrances aussi dans mon corps  je suis reconnaissante pour les temps de preparation dont nous avons beneficier;  la pratique 'vipassana' est pour moi appreciable pour transcender ces difficultes.

Plus je suis en Turquie, plus j'aime ce peuple chaleureux, honnete, tellement humain.  Je ne me suis jamais senti si bien en ville... comme si ici le rayonnement humain compensait le bruit et cahut des engins et artifices de la ville. Mais j'ai aussi toujours un peu peur pour eux, pour nous; peuvent-ils maintenir leur humanite face au developpement industriel galopant qui devale les montagnes?

La veille de notre depart de Trabzon nous nous sommes ballade vers, nous le croyions, la campagne... mais ce que je croyais etre seulement 4 immeubles un peu isoles s'est avere etre l'entree sur une nouvelle cite. Une 50aine d'immeubles (jusqu'a 14 etages), tres pimpants, peut-etre la 1/2 ou plus deja habites et encore d'autres en voie de construction.  Avec nouveaux magasins en dessous - supermarches, centres de 'fitness' ou de beaute, centre 'playstation' - avec tout cela je me sens quelque peu nauseeuse, horrifiee... aue pourront faire autant de gens tasses les uns sur les autres? Quel sens pourront-ils trouve a leur vie?  Je crois voir devant moi l'utilisation massive du vide, du steril ... terreau ou des personnes peuvent devenir des 'consommateurs'.

Le lendemain je retourne a la nouvelle cite pour consulter internet - comme un poisson pris dans le meme filet - et voila que l'autorisation pour le visa m'est accorde...
  
Sauf que, au consulat nous sommes refoules avec une demande que Sebastien aussi fait sa demande par internet et que tous les deux il nous faux des empreintes certifies par la police - la femme a l'accueil est tres genee et gentille, mais ne peut rien.
Je sens des larmes de decouragement qui montent... apres 10 jours d'attente nous n'avons pas envie de recommencer, surtout vu l'incertitude quant aux resultats...  Nous avons fait des recherches pour passer par les pays du nord - ca nous parait pas sense, surtout avec mon passeport.

Sebastien nous trouve des vols a partir d'Istanbul, et c'est repartit pour les 18 h de bus... juste avant la pluie!  Le car est plein a craque, pas facile a trouver son confort (ma cote en voie de guerison est bien d'accord!).  Il y a aussi parmi les passagers 2 toute petites filles qui font tout le trajet avec beaucoup de gentillesse.

Mercredi 19  Istanbul: j'apprecie l'arrivee a une auberge avec dortoir tres confortable pres de Sultanamet.  Je savoure une bonne douche chaude..mmmm! ... et Sebastien part a la recherche d'une guitalele - et trouve une tres belle.
Le soir nous chantons aupres de la mer avant que je me couche...
et Sebastien profite de la ville, et rencontre Gibril venu d'une autre ville en recherche de travail pour faire vivre sa famille - il recoit 2-3 euros par jour a travailler dans un restaurant (meme pas de quoi acheter des legumes pour une famille), il fait proche de zero la nuit et il dort sur un banc.

Jeudi 20  Tot le matin sortant de la mosque bleue, nous voyons Gibril sur son banc... C'est la premiere fois que je vois ca en Turquie, et je n'ai vu que 2 fois qq'un a mendier. 
Nous prenons 2 bols de soupe chaude, et au retour voyons 2 hadiths affiches avec traduction en anglais

 'Si tu ne crois pas en DIEU tu ne peux pas aller au paradis. Tant que vous vous n'aimerez pas les uns les autres, vous ne pourrez pas croire'

'Le meilleur des humains est celui qui est benefique pour les gens'

Quelques minutes apres nous voyons qq'un qui fait un feu de papier aupres d'un monument.... et c'est Gibril qui tremble de froid et cherche a se rechauffer... toujours portant son doux sourire fraternelle.  Nous trouvons un banc ou les premiers rayons du soleil commencent a tomber en contrepartie du vent froid... et avec l'aide de la petite guitar nous nous rechauffons les coeurs ensemble.

En partant j'ai l'impression que, tout doucement, je suis confrontee a tout ce qui me faisait le plus peur en entreprenant ce voyage - y inclus la peur de me sentir demunie face a la misere d'autrui et l'injustice du monde.
Aujoud'hui je me sens reconnaissante pour un moment d'humanite profond recu ce matin avec un homme qui porte le nom d'un arc-ange.

Vendredi 21 (qqs heures avant notre depart vers Chennai, Inde)  Nous gardons contact avec Ekta Parishad pour la suite...

Nous suivons les evolutions aussi de la Jan Samwad Yatra (pelerinage du peuple par jeep)... et esperons les rejoindre a Pondichery le 29 oct - et construire avec Rajagopal un program pour notre sejour en Inde.

Dans les rues de Trabzon

Je marche vite. Je cherche la route, attentif a l'orientation, absorbe dans l'etude du trottoir par rapport au traffic des voitures et a la circulatioin des pietons: est-ce que ca roule bien pour les petits chariots que nous tirons? Y a-t-il un passage incline pour descendre du trottoir sans porter le charioit et traverser la route? Est-ce que kate suit?
- Ma mission?
- Aller d'un point a un autre a la recherche d'une epicerie, d'un banc ou s'assoir, d'un cafe internet, une mosquee, la mer, des toilettes, un endroit ou dormir...
Je marche vite, je suius tendu. Je cherche ma route dans une ville aue je vis comme une jungle, avec cette vision d'une jungle dangereuse, inhospitaliere. Et en meme temps, je regarde les hommes les femmes, les enfants, les visages, les habits, les boutiques: du pain, des bassines, un "kuafor", une epicerie, des legumes, du pain, des meubles, un homme quui pousse un charrioit, deux jeunes cote a cote aui se tiennent affectueusement par les epaules, une femme avec un foulard, une femme sans foulard, des enfants qui me regardent apparemment intrigues d'une si longue barbe sur un petit homme aux habits quelque peu inhabituels:
- Mamalakat? (quel pays?) Iran?
- Fransa!
- Fransa?
Les journees se succedent a Trabzon ou nous guettons un Email qui va donner a kate un numero d'autorisatioin du ministere des affaires etrangeres iranien pour demander le visa au consulat iranien a Trabzon. Trabzon est connu pour etre un "bon plan" pour obtenir facilement le visa iranien. Apparament un bon plan pour les francais que nous avons rencontre au consulat lors de notre premier essais et qui l'ont eu dans la journee mais kate a un passeport britanique, alors c'est plus complique...
Les nuits se succedent a Trabzon. Sur les hauteurs de la ville. La lune est magnifique, avec trtois aureoles luminescentes, merveilleusement extraordinaire! L'air est doux. La vue sur la ville aui s'etale entre mer et collines, qui grimpe sur les pentes escarpees en alignant des dizaines et des dizaines d'immeubles neufs avec encore d'autre qui se construisent. En bas, des rues et des ruelles qui se croisent, s'enchevetrent, disparaissent derriere des immeubles agglutines, debouchent sur une mosquee dodue bien assise, un parc, des routes qui serpentent, parfois se chevauchent, puis la mer... vaste etendu paisible et forte reliant l'ici et un ailleurs lointain, invisible. La mer comme un berceau oublie qui balance encore ces vagues de tendresse. C'est vrai qu'elle est parfois sombre cette Mer noire!
Sur cette colline de Boztepe surplombant la ville: des jardins ou sortir le soir et se retrouver, entre amis, en amoureux ou en famille, autour d'un the Samovar, un camp militaire, une petite mosquee accolee au tombeau d'un saint et entourree d'un cimetiere, un petits bois, des cultures de noisetiers... Nous avons tout essaye. Dormir ici ou dormir la. Plutot eprouvant pour moi: Des hommes qui festoient dans la nuit, des coups de fusil, des chiens qui aboient et un qui grogne en passant. Et s'ils nous attaquent? Et si on nous trouve? Est-ce qu'on va avoir des ennuis avec la police? Avec des soulards?
Je suis anxieux. La nuit je dors leger (quand meme assez pour me reposer) le jour je marche vite.
Kate me dit: "tu es stresse?"
- Oui, c'est vrai, c'est ca.

                                                                                                              Trabzon, mardi 11 octobre
Mon coeur, ou es-tu?
Je te cherche eperdu
J'ai envie de me debattre. Que ma colere sorte! Que ma douleur cesse...
Voila la pente facile: le rejet.
Je voudrais changer, accueillir, me laisser sentir, et dans l'acceptation de mon impuissance...

Mais si c'est pour ne plus sentir la douleur, si c'est encore pour me proteger
Autant rester dans la gangue de l'inconscience
Dechire entre avidite et aversion

Donne moi d'accueillir ce qui me fait mal
Donne moi de me rendre a Toi
Donne moi de Te sacrifier tout
Ce que je crois pouvoir
Et me retrouver, comme tu veux,
En Toi.

Enfin vient le lacher prise. La detente, je commence a accepter. Je souffle.

Ca y est! L'autorisation pour le visa de kate est arrive, apres dix jours.
Retour au consulat: Ah! cette fois c'est moi qui doit demander une autorisation par Email, et puis nous devons aussi pour ca aller faire des empruntes digitale a la police... -consternation-
Nous laissons ce chemin par l'Iran avec regret. Je suis triste de ne pas aller rencontrer ce peuple si accueillant tout au contraire des formalites administratives. Je revais de decouvrir Ispahan. Nous avions pris contact avec des habitant qui nous accueillait de tout coeur... Mais non. Pas cette fois.
Nous avons pris un billet d'avion Istanbul-Chennai (Madras). Revenu a Istanbul, ce soir depart pour l'aeroport, demain escale aux emirats, apres demain... inchallah (a la grace de Dieu)... l'Inde.

lundi 10 octobre 2011

Dans les Balkans

   Un mot depuis Trabzon (Turquie) ou nous attendons pour les visas iraniens.
kate:
   Preparation de voyage - en covoiturant vers Paris avec Gustave, nous avons parle de confrontation de valeurs...
   Depuis je vois sous cet angle pas mal de choses qui jusque la me faisait un pincement dans le coeur ou un trouble dans l'esprit (ou les deux)
   Je veux aimer la Terre - pourtant je voyage vite sur des routes qui laissent des grandes cicatrices sur son ventre
   jeveux aimer le ciel - pourtant j'utilise internet pour communiquer vite... coute que coute. Et le plus souvent j'oublie le temps de priere convenu avec nos amis.

   En sortant d'une ville dans le car (Beograd ou Sarajevo ?) au milieu du developpement urbain, une femme paysanne avec sa vache.
   A Sarajevo, notre amie İnes - si consciente, son coeur si sensible - elle qui aime les forets se trouve dans une ville en pleine croissance, dans un logement tout neuf, avec tout confort et quelque peu sterile - et au fond du jardin de la maison un joli ruisseau ou il est dangereux d'y aller (comme ailleurs dans la nature autour) parcequ'il y a des mines...

   De Sarajevo a Sophia un voyage ou je sens la pesanteur de l'inconscience a travers les films de pure violence qui passent dans le bus

   A İstanbul la gentillesse, l2humanite des gens - qui cherchent leur interet parfois ? - mais pas que ca. Et dans la croissance qui arrive a toute allure - quelle conscience de notre mere, source de tout le support materiel?

   A plusieurs reprises j'accepte un the... et je vois que j'ai contribue a la production de dechets qui empoisonnent ma mere. Nous achetons des fruits, du pain - mais quel cout pour elle  ?... Et pour moi dans ma capacite de rester/devenir saine ?

sebastien:

   A Belgrade
   İl nous reste un peu d'argent serbe avant de partir pour la Bosnie. Nous decidons de le donner:
- moitie a la femme qui fait secher un pantalon sur le dossier du banc ou elle est assise avec quelques sacs que nous pensons etre ce qu'elle possede
- moitie a l'homme barbu, chevelu, avec comme une force qui emane de lui, aussi avec quelques sacs a ses cotes, qui a place devant lui deux paires de chaussure d'occasion a vendre.
   Kate donne a la femme qui accepte avec un grand sourrire et une effusion de ce qui semblent etre des benediction.
   Je m'avance vers l'homme en lui tendant timidement ma main a demi ouverte avec les deux trois billets roules: d'un geste il refuse, et je n'insiste pas. J'ai vu son regard profond et droit. J'ai vu devant moi un homme debout comme j'en ai rarement vu.

samedi 30 juillet 2011

Bienvenue

   Bienvenue à tous et toutes et merci beaucoup de votre intérêt pour "marche doucement sur la Terre".
   Ce blog va nous servir à communiquer ensemble. Vous allez notamment pouvoir suivre les évolutions de notre voyage en Inde puis de la marche en France et nous faire part de ce que vous aussi vivez en lien avec cette aventure. Nous vous invitons à consulter les différentes rubriques (pages). Ce blog est tout récent, encore tout petit, il fait ses premiers pas et nous lui souhaitons une belle vie nourrie de notre enthousiasme, de nos partages de coeur, et de notre co-créativité...